Optigestion - Edito - Novembre 2020 Jacques_DE_PANIS_PASIS

Cap sur la Chine

Par Jacques DE PANISSE

Président du Directoire, Gérant et Associé

Il faut admettre la réalité comme elle est. Les pays d’Asie du Sud-Est, Chine, Corée du Sud, Taiwan, notamment, ont réussi à réduire l’impact de la Covid lors du développement de l’épidémie. De même, ils sont parvenus, par une gestion très stricte, à identifier puis à isoler les personnes contaminées, évitant ainsi une propagation incontrôlée du virus. Cette relative maîtrise sur le plan sanitaire s’est accompagnée d’une dégradation bien moindre sur le plan économique.

Alors que l’Europe procède à un deuxième confinement et anticipe un quatrième trimestre à nouveau très affaibli, la Chine prévoit une croissance de 5% de son PIB (produit intérieur brut) sur 2020, engrangeant ainsi sur un an seulement, une avance relative proche de 15 points avec l’Europe et de 10 points avec les Etats-Unis.

 

L’avance chinoise devrait maintenir son élan, du fait d’une progression de 10% des investissements, à comparer à une dégradation de 13% aux Etats-Unis et de 20% en Europe. Le niveau d’investissement d’aujourd’hui est le meilleur indicateur de la compétitivité, et donc de la croissance, de l’économie de demain.
Un autre aspect assure à la Chine un avantage grandissant. Elle a choisi d’investir dans des secteurs d’activité qui s’avèreront décisifs dans les décennies futures.
Enfin, convaincue de cette double efficacité économique et sanitaire, la Chine est persuadée de disposer d’un atout majeur, son régime politique qui garantit cohérence, détermination et rapidité de mise en œuvre, évitant ainsi les hésitations, compromis et lourdeurs des régimes démocratiques. Sur les trente dernières années, la comparaison est très impressionnante. Sur les trente années à venir l’écart devrait croître de façon exponentielle.

Il est étrange de constater que la suprématie de l’économique, introduite par l’Occident, reprise et appliquée avec virtuosité par la Chine, pourrait conduire à remettre en cause le bien-fondé de la démocratie qui s’avère désormais, en matière économique, moins performante que le régime communiste chinois.
Au-delà des opinions et des convictions de chacun, que nous respectons, le métier de gérant s’efforce d’anticiper les grands virages qui se profilent. L’irrémédiable montée en puissance de la Chine en est un et, au-delà des seuls résultats de 2020, il nous paraît clair que la devise, les obligations et les actions chinoises doivent tenir dorénavant une place majeure dans les portefeuilles qui veulent performer.

L’Europe devrait enregistrer des résultats impactés par deux trimestres de fort ralentissement, notamment dans les services, le tourisme, l’aéronautique, les transports ... La lucidité de la BCE ne peut empêcher l’inutilité d’injections monétaires supplémentaires. Le plan de relance européen décidé mais non encore approuvé dans son déploiement risque de survenir un peu trop tard pour empêcher un courant de faillites qui paraît désormais inévitable.
Les emprunts souscrits par nombre d’entreprises soulagent à court terme mais ne peuvent qu’alourdir les bilans en l’absence de reprise d’activité. Or la rechute constatée récemment a fortement entamé la confiance et assombri les perspectives 2021. Si une « deuxième vague » s’est imposée, nul ne peut exclure une troisième ...
Dès lors pourquoi accroître des dettes dont on ne connaît pas les limites ? De telles hypothèses pourraient déclencher faillites, pertes d’emploi, craintes de lendemains difficiles, moindre consommation, épargne de précaution renforcée. Les entreprises soumises à des baisses de chiffres d’affaires et de marges freineront en priorité les investissements.

Les Etats-Unis pourraient également connaître deux mois très perturbés malgré la volonté de rassembler affichée par le Président Joe Biden. Donald Trump demeure à la Maison Blanche jusqu’au 20 janvier et la majorité au Sénat risque fort de ne pas être connue avant janvier du fait d’un nouveau scrutin requis en Géorgie le 5 janvier.

Dans un contexte occidental marqué par une visibilité réduite, les actions demeurent le support le mieux approprié. De plus, certaines sociétés surfent sur la situation actuelle et offrent encore un potentiel d’appréciation qui justifie de rester investi.

Rédigé le 8 novembre 2020

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